Fusion avec participations
La fusion
est une opération par laquelle une société (l'absorbée – société cible)
transmet son patrimoine à une nouvelle société (l'absorbante -société
initiatrice). Il existe toutefois des cas spécifiques où les entités concernées avaient au préalable des relations juridiques et financières.
Fusion avec une filiale
Une part de l'actif net de l'absorbée revient à l'absorbante sans qu'elle n'ait à réaliser un échange de titres. L'augmentation de capital est donc limitée à la part du capital que ne détient pas l'absorbée. Dès lors plusieurs différences apparaissent :
Calcul du nombre de titres à émettre
Pour déterminer le nombre d'actions nouvelles à émettre, il faut prendre en compte les actions de l'absorbée déjà détenues par l'absorbante.
On applique la technique de la fusion-renonciation : l'absorbante renonce aux nouvelles actions qui lui reviennent et elle ne crée que les nouvelles actions destinées aux autres actionnaires. On applique les règles de parité aux seules actions de l'absorbée que l'absorbante ne détient pas.
Impact sur la prime de fusion
Rappel : La prime de fusion est le supplément de prix à payer, par les nouveaux actionnaires, pour obtenir une actions nouvelle.
Soit A% le
pourcentage de l'absorbée à acquérir
Soit D% le
pourcentage de détention de l'absorbée. D = 1 - A
Valeur à
acquérir = A% de la valeur de l'absorbée
Prime de
fusion = A% de la valeur de l'absorbée – Augmentation de capital
Remarque : la valeur de l'absorbée dépend du type de contrôle et du sens de la fusion (valeur comptable ou valeur réelle).
Apparition d'un résultat de fusion
Le résultat de fusion provient de l'annulation des actions de l'absorbée. Comme pour une cession, on compare le coût d'acquisition des actions à leur valeur au jour de la fusion (comptable ou réelle)
R = D% Valeur de l'absorbée – Coût d'acquisition des titres de l'absorbée
Si R < 0 : c'est un mali de fusion. Il représente l'écart négatif entre la valeur des titres de l'absorbée le jour de la fusion et leur coût d'acquisition (c'est une moins-value)

Comptabilisation
- En cas de boni de fusion
Article 745-2 du PCG : « Le boni est comptabilisé dans le résultat financier à hauteur de la quote-part des résultats accumulés par l'entité absorbée depuis l'acquisition et non distribués, et dans les capitaux propres pour le montant résiduel ou si les résultats accumulés ne peuvent pas être déterminés de manière fiable »
1er cas : l'énoncé ne fournit pas d'éléments pour déterminer le % des réserves
Le boni de fusion ne peut pas être calculé ; il est ajouté à la prime de fusion.
Le boni de
fusion provient de mises en réserves chez l'absorbée depuis l'acquisition des
titres par l'absorbante : les actions de l'absorbée ont pris de la valeur.
Le boni correspond à la part des mises en réserves qui reviennent à
l'absorbante (depuis qu'elle détient des titres de l'absorbée) :
- 768
« autres produits financiers – boni de fusion » pour D% des
réserves de l'absorbée
- Le reste en prime de fusion (le cas échéant)

- En cas de mali de fusion
Le mali de
fusion donne lui à une analyse (voir chapitre spécifique). Il se décompose
en :
- Un mali technique qui s'explique par la méthode d'évaluation des apports : si on applique la méthode comptable il est possible que des actifs soit sous évalués car les plus-values ne sont pas prises en compte, ainsi la valeur actuelle des titres de l'absorbée est diminuée
- Un vrai mali : c'est une cause réelle de la moins-value qui peut s'expliquer par exemple car les titres ont perdu de la valeur en raison de pertes réalisées par l'absorbée, ou bien parce que ces titres avaient été acquis au-dessus de leur valeur
Remarque : le compte mali technique sont identifié avec le 8 en 3ème position : 2081 ; 2187 ; 278 ; 478
- Annulation des écritures réciproques
Si la société absorbée avait une créance ou une dette vis-à-vis de l'absorbante : la société absorbante avait elle aussi une dette ou créances vis-à-vis de l'absorbée. Ces dettes et créances doivent donc être soldées.
Fusion avec une participation de l'absorbée dans l'absorbante
La méthode est la même : à partir de la parité, on en déduit le nombre d'actions à créer chez l'absorbante mais comme l'absorbée détient des actions de l'absorbante 2 solutions sont possibles ; c'est le traité de fusion qui va déterminer la méthode à utiliser
Fusion renonciation
La société absorbante renonce à une partie de l'augmentation de son capital en échange d'une annulation des actions qu'elle possède : l'entreprise absorbante limite l'augmentation de son capital aux actifs nécessaires à la rémunération des associés (ou actionnaires) autres qu'elle-même, c'est-à-dire ceux de la société absorbée.
Comme dans le cas normal, on créée le nombre d'actions N en utilisant la parité (augmentation de capital) pour les remettre aux actionnaires de l'absorbée.
Mais comme on récupère parmi les actifs de l'absorbée, des actions n de l'absorbante, on annule ces actions : on procède donc à une réduction de capital
Remarque : c'est la méthode la plus utilisée. En l'absence de consigne mieux vaut utiliser celle-ci.
- Calculs préalables
A partir de N le nombre d'actions à créer ; on en déduit la méthode de valorisation des apports.
Augmentation
de capital = N x VNo
Prime de
fusion = Valeur de l'absorbée – Augmentation de capital
Réduction de
capital = n x VNo
Rappel : si l'évaluation se fait à la valeur réelle on tient compte des plus-values on déduit les impôts différés
Remarque : Si l'évaluation se fait à la valeur réelle alors les titres de l'absorbante apportés par l'absorbée ont comme valeur : n x valeur réelle de la parité ; ils sont comptabilisés à cette valeur dans les apports d'actifs (1ère écriture) et sont donc soldés pour cette valeur. En revanche l'éventuelle plus-value n'est pas imposable (il n'y a pas de provisions pour impôt différé)
- Comptabilisation


Fusion allotissement
Comme l'absorbée détient déjà des titres n de l'absorbante, ces titres sont donnés aux actionnaires de l'absorbée. Il suffit donc de créer uniquement N-n actions nouvelles pour les remettre aux actionnaires de l'absorbée qui n'ont pas encore été servis.
Le traité de fusion précise que les titres créés ne sont utilisés que pour rémunérer les actionnaires de l'absorbée.
- Valorisation de l'absorbée
ATTENTION :
Comme les titres de l'absorbante détenus par l'absorbée sont remis aux
actionnaires de l'absorbée, la valeur de l'absorbée diminue :
- Si
valeurs réelles : Valeur de l'absorbée = Valeur réelle globale – valeur réelle
des titres de l'absorbante détenus par l'absorbée.
- Si
valeurs comptables : Valeur de l'absorbée = Actif net – valeur comptable
des titres de l'absorbante détenus par l'absorbée.
- Augmentation de capital et prime de fusion
A partir de la parité on en déduit N le nombre d'actions à créer.
N' = Nombre
d'actions nécessaires = N – n (nombre d'actions de l'absorbante détenues par
l'absorbée)
Augmentation
de capital = N' x VNo
Prime de fusion = Valeur de l'absorbée(*) – Augmentation de
capital
- Comptabilisation chez l'absorbante

- Comptabilisation chez l'absorbée

Puis on passe les écritures habituelles : Dissolution / Rémunération des apports / Droits des associés / Remise des actions
Fusion avec participations croisées
Détermination des valeurs pour le calcul de la parité
Afin de déterminer
la parité, on détermine les valeurs des 2 sociétés par un système de 2
équations avec 2 inconnues :
- Soit
a la valeur d'échange de l'action d'une société A (a est inconnue)
- Soit
b la valeur réelle de l'action de l'autre société B (b est inconnue)
- Soit
Na le nombre de titres qui composent le capital de A
- Soit
Nb le nombre de titres qui composent le capital de B
- Soit
Na' le nombre de titres A détenus par B
- Soit
Nb' le nombre de titres B détenus par A
Remarque : du point de vue de la méthode, il est important de noter ces valeurs avant de poser les équations
Sachant que chacune des sociétés comporte des titres de l'autre, l'actif net peut s'exprimer de 2 manières :
Actif Net (capitaux propres) = n x valeur d'une
société
Actif
Net = Actif Net – Valeur globale des titres de l'autre + (nbre de titres de
l'autre détenu X valeur de l'autre)
D'où le système de 2 équations à 2 inconnues à résoudre :
- Na X a = Actif Net de A – Valeur Globale des titres B détenus + Nb' X b
- Nb X b = Actif Net de B – Valeur Globale des titres A détenus + Na' X a
Impact des plus-values et des provisions réglementées si la parité est calculée par rapport à la valeur mathématique (intrinsèque) : il existe des plus-values sur certains actifs : on considère alors que l'actif Net doit être augmenté des plus- values et diminué des impôts différés. Les impôts différés correspondent à t% de la plus-value.
- Il existe des provisions réglementées : on considère qu'elles donneront lieu à un impôt différé quand elles seront reprises : impôt différé = t% de la provision
- Il n'existe pas de provision mais il faudrait en constituer une : on considère que l'actif Net devrait être diminué du montant de la provision mais que cela entrainera une économie d'impôt égale à t% de la provision à constituer
Dans l'équation on ajoute les plus-values et les économies d'impôts et on soustrait les provisions à constituer et les impôts différés.
Participations circulaires : A détient B qui détient C qui détient A
On applique la même méthode mais on obtient un système de 3 équations à 3 inconnues
Calculs à réaliser
- Nombre d'actions à créer
Parité = VR absorbante / VR absorbée
Pour déterminer le nombre d'actions à créer on applique la fusion renonciation :
- comme
l'absorbante détient des parts dans l'absorbée on
applique la parité au nombre d'actions de l'absorbée – celles que l'absorbante
détient déjà : N.
- comme
l'absorbée détient n actions de l'absorbante : on annule ces actions que
l'absorbante récupère.
Modifications
du capital social :
On
procède à une augmentation de capital : N x VNo
Puis
à une réduction du capital pour annuler les actions de l'absorbante qui étaient
détenues par l'absorbée : soit n x VNo
- Calcul de la prime de fusion
Comme l'absorbante détient des parts dans l'absorbée, la prime de fusion dépend du pourcentage D% de détention de l'absorbée
On construit donc le tableau déjà vu plus haut.
Remarque : Si l'évaluation se fait à la valeur réelle alors les titres de l'absorbante apportée par l'absorbée ont comme valeur : n x valeur réelle de la parité. De plus, ils sont comptabilisés à cette valeur dans les apports d'actifs (1ère écriture) et sont donc soldés pour cette valeur. En revanche l'éventuelle plus-value n'est pas imposable (il n'y a pas de provisions pour impôt différé).
- Comptabilisation

(*)
attention si l'évaluation des apports est à la valeur réelle, les actions de
l'absorbante détenues par l'absorbée s'évaluent à la valeur de parité

On annule les opérations réciproques si nécessaire. Il s'agit en général d'une créance que l'une détient sur l'autre.