Débats et enjeux de l'audit

C'est un domaine de recherche plus empirique que théorique car l'audit repose sur une logique assez clairement définie : la vérification des comptes (révision, certification), en lien avec les autres champs des sciences de gestion (management, contrôle de gestion, SI, droit…).

Principaux débats théoriques

L'activité d'audit est source de confiance en principe car elle repose sur la vérification impartiale d'un référentiel. Mais, malgré tout, des scandales financiers réguliers sont constatés (d'Enron à FTX… depuis le début du siècle).

May PIAGET & Claude BAUMANN (2003) décrivent dans « La chute de l'empire Andersen » l'implosion du réseau mondial Andersen, entraîné dans le scandale de son client Enron (c'est le passage de big five à big four). Fruit du travail d'une journaliste et d'un ancien salarié du cabinet.

Cela invite à penser les biais cognitifs ou les asymétries d'information : les entités comme les auditeurs peuvent commettre des erreurs systématiques dans leurs décisions ; un agent économique détient des informations qu'un autre agent gagnerait à connaître.

L'analyse de Michael POWER (1997) dans « The Audit Society » montre que l'obligation de rendre compte s'est fortement développée à la fin du XXe siècle avec des outils de plus en plus nombreux et dans des champs variés. Toutefois, l'obsession du contrôle et la multiplication des indicateurs n'évite pas les fraudes.

On constate ainsi une extension du domaine de l'audit : il existe des missions traditionnelles et obligatoires ainsi que de nombreuses missions ponctuelles et volontaires (fusion, apports, RSE…). Il y a donc une logique de marché pour faire reconnaître la qualité de la prestation.

L'audit s'est accompagné du développement du contrôle interne : pour anticiper la procédure d'audit, les entités se dotent d'experts en interne pour identifier les risques et déterminer les procédures. Cela met en valeur l'opposition entre l'auditeur externe indépendant et l'auditeur salarié ou le conseil. Le contrôle interne doit cependant reposer sur des données crédibles et permettre le pilotage de l'entité (gouvernance, parties prenantes) en lien avec management et contrôle de gestion.


Principaux enjeux

L'audit repose sur la maîtrise des normes applicables, des référentiels et de leurs implications. Cela met en valeur la place de la dimension réglementaire en particulier au niveau international.

La pratique de l'audit repose sur des autorités de contrôle et l'organisation spécifique de la profession. Ainsi en France, c'est à présent la Haute Autorité de l'Audit (H2A) qui est l'autorité nationale de régulation des commissaires aux comptes et des professionnels certifiant les rapports de durabilité des entreprises.

En matière comptable et financière, il s'agit de professions libérales réglementées, indépendantes et expertes (CAC et expert-comptable)… mais qui doivent aussi rendre des comptes à leurs clients et à leurs parties prenantes. Leurs responsabilités jouent ainsi un rôle essentiel pour assoir la confiance dans le processus d'audit.

L'audit repose sur une procédure très technique et complexe qui mobilise différents outils de collecte et de vérification des données (notamment qualitatives). L'auditeur développe une véritable logique d'enquêteur pour mesurer, évaluer les risques et leurs conséquences (expression d'une opinion).

L'audit est la démarche qui a été retenue pour apprécier la durabilité (impact sur l'environnement, la société avec une dimension fortement extra-financière). Ces audits ne sont pas du monopole des professions du chiffre. Ils distinguent l'espace européen du reste du monde car les réglementations y sont le plus avancées en la matière malgré toutes les incertitudes qui entourent ce type d'audit.

Conclusion

La pratique de l'audit s'incarne en France dans la figure du commissaire aux comptes (CAC), le plus souvent étudié en droit alors que son rôle comptable et managérial est fondamental.

Le commissaire aux comptes Yves NICOLAS décrit dans « Les sentinelles de l'économie » (2015) l'évolution souhaitée des missions des CAC de la certification légale des comptes des entreprises à la transparence, la sécurité et la confiance, en donnant du crédit à l'ensemble des données chiffrées.

L'expert-comptable peut également intervenir en matière d'audit mais avec des spécificités qui seront approfondies.

Références bibliographiques :

NICOLAS, Yves : Les sentinelles de l'économie. 40 réponses sur le Commissariat aux Comptes, Temporis, 2015

PIAGET, May & BAUMANN, Claude : La chute de l'empire Andersen. Crise, responsabilité et gouvernement d'entreprise, Dunod, 2003

POWER, Michael : La société de l'audit. L'obsession du contrôle, La Découverte, 1997, traduit en 2005

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