Comptabilisation d'une fusion simple
On est en présence d'une fusion simple lorsqu'aucune des sociétés ne détient d'actions de l'autre.
La comptabilisation chez l'absorbante
Pour l'augmentation
de capital :
On crée des actions à remettre aux actionnaires de l'absorbée ;
On constate la prime de fusion car les titres créés n'ont pas une valeur nominale.

Pour l'apport du patrimoine de la société absorbée :
- Les
actifs de l'absorbée entrent dans l'actif de l'absorbante au débit ;
- Les dettes de l'absorbée sont inscrites au passif de l'absorbante au crédit
- La créance sur les actionnaires de l'absorbée est soldée : ils ont payé l'absorbante grâce aux apports
Remarque : selon la méthode retenue, les actifs et les dettes sont valorisé(e)s à la valeur comptable ou à la valeur réelle.

La comptabilisation chez l'absorbée
On comptabilise une dissolution car tout le patrimoine est transféré :
- Les
comptes d'actif sont soldés : crédit ;
- Les
comptes de dettes sont soldés : débit ;
- On constate une créance sur la société absorbante qui doit remettre des actions.

On comptabilise la rémunération
des apports
car l'absorbée reçoit des titres de l'absorbante :
- Les
titres reçus sont comptabilisés en Valeurs Mobilières de Placement (VMP) actions ;
- La créance sur la société absorbante disparait.

On comptabilise les droits des associés de l'absorbée :
- Les
associés de l'absorbée ont droit à l'actif net de leur société : les
comptes de capitaux propres sont soldés ;
- La société a une dette vis-à-vis de ses associés.

On comptabilise la remise des actions de l'absorbante aux actionnaires de l'absorbée :

La comptabilisation d'une soulte
Une soulte
est une somme qui doit être payée en numéraire, lors d'une opération faite en
commun, par une personne à une autre, pour rétablir pour rétablir l'égalité. La soulte peut avoir 2 motifs :
- La
parité ne permet pas l'échange de toutes les actions de l'absorbée ;
- Le
traité de fusion détermine un échange d'actions et une soulte.
Il faut donc comparer :
- La valeur actuelle de la société absorbée (VB)
- La valeur des actions nouvellement créées (VA) = nb d'actions nouvelles x valeur actuelle d'une action A
Si VB > VA : les actionnaires de la société absorbée
sont lésés, ce sont eux qui reçoivent la soulte.
Si VB <
VA : les actionnaires de la société absorbante qui sont lésés et qui
doivent recevoir la soulte.
Règle
impérative : pour bénéficier du régime fiscal de faveur, la soulte ne peut
pas dépasser 10% de la valeur nominale des actions créées (de la société
absorbante).
Premier cas de figure : la parité est proche d'un arrondi (ex : 2 ; 5 ; 0.5)
On compare le nombre d'actions remises aux actionnaires de l'absorbée x VA et le nombre d'actions dans le capital de l'absorbée x VB. On en déduit une soulte à verser ou à recevoir par actions à échange.
Deuxième cas de figure : la parité ne permet pas d'obtenir un nombre entier d'actions à créer.
La parité est une fraction irréductible : x/y. Un actionnaire de l'absorbée reçoit m actions de l'absorbante s'il remet n actions de l'absorbée. On va donc faire des lots de n actions de l'absorbée.
Si N est le nombre d'actions de l'absorbée à échanger, le nombre de lots sera de L = N/y (arrondi inférieur). Le nombre d'actions remises aux actionnaires de l'absorbée est donc de L x m
Puis on compare le nombre d'actions remises aux actionnaires de l'absorbée x VA et le nombre d'actions dans le capital de l'absorbée x VB. On en déduit une soulte à verser ou à recevoir par actions à échanger
Troisième cas de figure : le traité de fusion fixe le montant de la soulte ou un montant d'actions à créer.
L'existence d'une soulte vient se rajouter dans la comptabilisation des opérations d'augmentation de capital chez l'absorbante (elle est versée une fois les apports réalisés) ; de rémunération des apports et de remise des actions de l'absorbante chez l'absorbée :



Fiscalité et évaluation
Les sociétés peuvent bénéficier du régime de faveur des fusions. En principe
la disparition d'une société s'accompagne d'une lourde fiscalité. On doit donc
appliquer à l'absorbée la fiscalité de la dissolution : les
provisions sont reprises, elles augmentent le résultat soumis à l'IS ; les
actifs sont valorisés à leur valeur réelle, si celle-ci s'avère supérieure à la
valeur comptable alors il y a une plus-value professionnelle imposable à l'IS.
Dans le but d'encourager les fusions (les concentrations
accroissent la taille des entreprises et les rendent moins vulnérables), l’État
a créé un régime de faveur qui permet des exonérations et de
sursis d'imposition lors de la disparition de l'absorbée :
- Les provisions pour dépréciation ne font pas l'objet de reprises sur provisions ; elles sont seulement intégrées dans la comptabilité de la société absorbante. On inscrit toutes les provisions pour dépréciations de titres, de stocks, de créances…
- Les plus-values sur les éléments d'actifs immobilisés non amortissables (FDC, brevet, TIAP) font l'objet d'une exonération immédiate ; mais avec un sursis d'imposition dans le cas où ils seraient cédés plus tard par l'absorbante. On ne constitue pas de provision pour impôts mais en cas de cession ultérieure on calculera une plus-value par rapport à la valeur d'origine.
- Les plus-values sur les autres éléments d'actifs (actif amortissable + stock) font l'objet d'un différé d'impôt. On constate une provision pour impôt qui sera reprise sur 5 ans pour les biens mobiliers et sur 15 ans pour les biens immobiliers. Provision pour impôts = t x plus values. (t= taux d'imposition)
- Les provisions réglementées font l'objet
également d'un différé d'impôt.
Remarque : une provision réglementée est une provision qui doit être enregistrée par la comptabilité d'une entreprise, non pas parce qu'elle provient d'un risque, mais parce qu'elle correspond à des dispositions fiscales (ex : amortissement dérogatoire). Les dotations aux provisions réglementées sont des dotations exceptionnelles qui permettent de réduire le résultat comptable, donc le niveau de l'impôt sur les sociétés. C'est un « cadeau fiscal » accordé par l'administration fiscale mais un cadeau temporaire qui doit être repris (d'où la provision pour impôt).
Parmi les provisions réglementées on trouve :
- La
provisions pour hausse de prix : Si une entreprise subit une hausse des
prix de ses matières premières ou de ses marchandises de plus
de 10 %, elle peut déduire de son bénéfice une provision pour prendre
en compte ce surplus financier.
- La
provisions pour investissements : les entreprises qui ont mis en place un
système de participation aux bénéfices pour leurs salariés peuvent
constituer une provision réglementée pour investissement sur la part
supplémentaire dépassant la part légale.
On ajoute une écriture chez la société absorbante :

- L'actif net comptable (ANC)
On se base sur les capitaux propres ; ou la différence entre Actif Net et Dettes
Valeur de l'action = ANC / nombre d'actions
- L'actif net comptable corrigé (ANCC)
Il repose sur la différence entre Actif Net et Dettes mais on prend les valeurs réelles pour les actifs et du côté des dettes on ajoute la provision pour l'impôt sur les plus-values des immobilisations amortissables, sur les stocks et sur les provisions réglementées.
Valeur de l'action = ANCC / nombre d'actions
Remarques :
- On
peut aussi partir de l'actif net et ajouter les plus-values et déduire les moins-values
- Cette
valeur est aussi appelée « valeur mathématique intrinsèque »
- Les
actifs fictifs doivent être déduits (frais d'établissement, frais
d'émission, R&D)
- Les
écarts de conversion actif doivent être ajoutés
- Des
passifs prévus peuvent être pris en compte (à déduire) : dividendes à
payer, indemnités de licenciement
- Si
l'absorbante reprend un contrat de crédit-bail : il s'agit d'un actif
supplémentaire à ajouter et qui est valorisé à hauteur de sa valeur
d'utilité – la valeur actualisée des redevances et de l'option d'achat restant à verser
Méthode : Pour une évaluation par l'ANC et l'ANCC, lorsqu'une société détient des parts dans l'autre, il faut commencer par calculer la valeur des titres de la société détenue (pour tenir compte de cette valeur dans la valorisation de l'autre société)
- La valeur de rendement
Elle repose sur le rendement par action = Dividendes / Nombre d'actions
La méthode de la valeur de rendement consiste à calculer la valeur d'une action en évaluant les dividendes futurs avec un taux d'actualisation i. Valeur de l'action = Rendement par action / i
Remarque : pour une analyse plus fine on peut prendre le rendement moyen par action sur plusieurs années.
- La valeur financière
La valeur financière dépend de l'offre et de la demande des actions de l'entreprise ; pour les sociétés cotées c'est la valeur boursière. Valeur de l'action = Valeur financière / i
Remarque : pour une analyse plus fine on peut prendre la valeur moyenne des actions sur plusieurs années.
- La méthode des praticiens
Il s'agit de faire la moyenne entre de la valeur ANCC et la valeur de rendement.
- Les méthodes composées